L’EPREUVAGE ECRAN ou SOFT PROOFING (Laurent M.)
Préambule
Une photo qui reste sur un disque dur existe-t-elle vraiment ?
A-t-on déjà vu, au musée Niepce ou dans une salle d’expo des disques durs accrochés au mur ?
D’où l’importance de les faire imprimer (les plus belles, même si sur nos disques durs ne sont conservés que des chefs d’œuvres), soit sur des supports papier ou autres (alu-dibond, fine-art, etc).
MAIS
Qui n’a jamais reçu des photos papier qui semblent ternes et plates alors que l’affichage montre des photos vives et dynamiques ???
En fonction du type d’écran et de son réglage, une même photo sera criarde ou toute plate. C’est pour ces raisons, que de nombreux photographes, pro et amateurs s’équipent d’écrans photos et de sonde de calibration pour obtenir le meilleur résultat (sinon à quoi bon utiliser des boitiers et objectifs couteux ???)
Quand vous envoyez vos photos chez un imprimeur, vous avez 3 options
- La première : consiste à se rendre chez l’imprimeur et à régler le tirage photo, par photo, avec ce dernier.
- La seconde : L’imprimeur (souvent grand public) ne fournit pas ses profils ICC et les réglages afférents et là c’est la loterie, mais vous obtenez très rarement la même photo que celle travaillée et c’est d’autant plus vrai que les variations deviennent énormes en fonction des supports, Impression FineArt, livres, alu-dibond, etc.
- La troisième : vous confiez vos images à des labos qui fournissent les profils ICC des machines et là vous obtenez un résultat assez proche, voir identique au fichier fourni.
Les profils ICC (International Color Consortium)
Un profil ICC est la carte d’identité couleur d’un appareil ! Le profil ICC contient le gamut (l’ensemble des couleurs d’un périphérique par rapport à l’espace L*a*b*) et les « défauts » couleurs de celui-ci (c’est une image !).
Il redonne « la vue » à n’importe quel appareil: écran, imprimante, appareil photo, caméra, scanner.
Un profil ICC est créé pendant le calibrage d’un appareil. Ainsi, lorsque vous imprimez une photo sur une imprimante calibrée, le logiciel de gestion des couleurs qu’est Photoshop va lire le profil ICC de l’imprimante afin de savoir quelles valeurs RVB il doit afficher en tenant compte de ses caractéristiques (ses défauts, le type de support…). Sans cela, il affiche d’autres valeurs RVB et le tirage n‘est pas conforme à l’affichage.
Donc sans profil ICC pas de gestion des couleurs !
L’épreuvage écran ou le soft proofing, qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ?
C’est un processus permettant de simuler le rendu d’un tirage sur un écran. Cela permet d’avoir un aperçu, le plus fiable possible, du résultat d’un tirage en fonction de différents critères relatifs à la calibration comme la teinte du papier, et les encres utilisées.
L’exemple ci-dessous détaille ces éléments (capture d’écran Saal Digital) :
De plus en plus d’imprimeurs fournissent ces profils ICC et les réglages afférents.
Quelques exemples : Vert : Ok Rouge: Non
- Saal digital
- Zor.com (plexi et alu-dibond)
- Photoweb
- Picto en ligne
- Labophotos.fr
- White Wall
- Iconea
- Cewe
- Pixum
- monalbumphoto
- Matisseo
Liste non exhaustive
Récapitulatif :
- Vous calibrez votre écran
- Vous choisissez un imprimeur qui fourni les profils ICC en fonction du support désiré
- Vous téléchargez et installer sur votre ordinateur le profil ICC
- Vous ouvrez votre photo avec Photoshop (Lightroom, Gimp… DxO à venir)
- Menu Affichage –> Format d’épreuve –> Personnalisé…
- Remplir le sous menu avec les caractéristiques fournies par l’imprimeur
- Une fois validé vous retournez sur menu : Affichage –> Sélectionnez et cochez : Couleurs d’épreuve
- Si nécessaire, retouchez vos images afin de retrouver un aperçu qui vous satisfait
- Enregistrez une copie au format JPEG sans compression (ou autre en fonction de la demande de l’imprimeur) en tenant compte de l’espace de couleur demandé : sRGB, RVB, CMJN, etc, avec un nom différencié.
- Quand vous regarderez ces images en mode normale elles sembleront souvent surexposées ou trop contrastées, pas de panique, c’est normal !
Installer un profil ICC dans Photoshop (exemple Saal Digital) :
https://www.saal-digital.fr/support/article/installer-un-profil-icc-dans-photoshop/
ETALONNAGE D’ECRANS (Marcel & Françoise)
Gestion des Couleurs pour la Photographie.
sRGB, AdobeRGB, ProPhotoRGB … j’y comprends rien :
- Pourquoi mes images n’ont plus les mêmes couleurs lorsque que je les publie sur internet ?
- Pourquoi mon image est différente dans Photoshop lorsque je fais « Modifier dans Photoshop » depuis Lightroom ?
- Pourquoi mon impression n’a pas le même rendu qu’à l’écran ?
- etc..
Une seule réponse à ces questions : La faute à la Gestion des Couleurs !!
Un modèle colorimétrique qui reflète la vision humaine
Espace de couleur défini par la Commission internationale de l’éclairage (CIE) en 1931. C’est un modèle colorimétrique dont l’ambition est de décrire l’ensemble des couleurs visible par l’œil humain : diagramme chromatique CIE 1931
Le système de vision humain n’est pas un simple capteur RVB mais nous pouvons nous rapprocher de la façon dont l’œil répond à l’aide d’un diagramme chromatique CIE 1931 qui affiche la réponse visuelle humaine.
Le spectre visible dans le diagramme de chromaticité de la CIE (1931).
Qu’est-ce qu’un espace colorimétrique ?
Un espace colorimétrique est une gamme définie de couleurs qui s’inscrit dans l’espace CIE 1931. Des espaces colorimétriques très connus sont sRGB, AdobeRGB et ProPhotoRGB. Avec un espace colorimétrique trichromatique comme RVB, nous représentons les couleurs sur l’ordinateur en utilisant trois valeurs ce qui nous restreint au codage d’un triangle de couleurs.
sRGB, AdobeRGB et ProPhotoRGB représentée sous forme de triangles blancs.
Regardons d’abord sRGB, qui est le plus petit espace colorimétrique et celui qui code le plus petit nombre de couleurs. Il correspond à celui d’un écran CRT de plus de dix ans et les écrans modernes affichent beaucoup plus de couleurs que lui. Le standard sRGB est le plus petit dénominateur commun mais est néanmoins utilisé dans beaucoup d’applications (y compris internet).
AdobeRGB est souvent utilisé comme espace de retouches. Il sait coder plus de couleurs que sRGB, ce qui signifie que vous pouvez modifier les couleurs d’une photo sans trop vous préoccuper de savoir si les couleurs les plus vives seront coupées ou les noirs écrasés.
ProPhoto est l’espace colorimétrique le plus étendu et est souvent utilisé pour l’archivage de documents. Il peut coder la totalité de la gamme de couleurs détectée par l’œil humain et même celles que l’œil ne peut pas voir !
Gamme de couleurs de divers périphériques et documents
A – Espace colorimétrique Lab
B – Documents (espace de travail)
C – Périphériques
Les possibilités de travail espace couleurs des périphériques sont limitées techniquement. Aucun module d’édition n’est capable de reproduire la totalité des couleurs perceptibles à l’œil humain. Chaque périphérique utilise son propre espace colorimétrique, qui produit un ensemble (ou une gamme) de couleurs spécifique. Sans système de gestion des couleurs, vos spécifications chromatiques dépendent du périphérique de sortie.
Les profils de couleur.
Une gestion des couleurs homogène et précise exige des profils fiables, conformes à la norme ICC, pour tous les périphériques couleur.
Remarque : ne confondez pas la gestion des couleurs avec la correction des couleurs. Un système de gestion des couleurs ne corrige pas une image enregistrée avec des problèmes de tons ou d’équilibre des couleurs. Il fournit un environnement permettant d’évaluer en toute fiabilité les images dans l’optique de la sortie finale.
Gestion des couleurs à l’aide de profils
A – Les profils décrivent les espaces colorimétriques du périphérique d’entrée et du document.
B – A partir de la description des profils, le système de gestion des couleurs identifie les couleurs réelles du document.
C – Le système de gestion des couleurs convertit les valeurs numériques du document dans l’espace colorimétrique du moniteur à l’aide des informations contenues dans le profil de celui-ci.
D – Le système de gestion des couleurs convertit les valeurs numériques du document selon les valeurs colorimétriques du périphérique de sortie à l’aide des informations contenues dans le profil de celui-ci, afin d’imprimer les couleurs réelles.
Qu’est-ce qu’un profil ICC ?
Le processus de « calibrage » débouche sur la création d’un fichier de profil de l’écran / ou imprimante. Caractériser un moniteur revient simplement à créer un profil décrivant la façon dont le moniteur reproduit les couleurs.
Pour comprendre le principe, partons d’une couleur à afficher, disons un gris RVB 128,128,128.
Lorsque vous calibrez votre écran, la sonde mesure la couleur réelle affichée par le moniteur. Le programme sait, que d’après vos réglages de point blanc, etc,… ce gris devrait correspondre à telle ou telle valeur « réelle ». Il en déduit les corrections à apporter par votre moniteur pour afficher un gris qui correspond bien au neutre demande (128,128,128).
Pour résumer, un profil ICC c’est une « table de correction ». Cela indique à votre périphérique (le moniteur ici) que les valeurs qu’il « envoie » pour afficher une couleur doivent être corrigées.
Un profil ICC est un fichier numérique décrivant la manière dont un périphérique informatique restitue les couleurs.
C’est pour cela :
- qu’un profil est associé à un matériel et n’as de sens que si les réglages de l’écran ne changent pas.
- qu’il faut recalibrer son écran régulièrement. Les caractéristiques changent à mesure que l’écran vieillit.
- Il faut attendre que l’écran soit « chaud » pour que les couleurs soient stabilisées avant de lancer le processus (recommandation 15 à 30 min minimum).
Le profil couleur d’un RAW
Nos boîtiers nous offrent la possibilité de choisir un espace colorimétrique à la prise de vue : en général, Adobe 1998 et le SRGB.
Cependant, ce choix n’aura aucune incidence sur votre format RAW. Les espaces seront appliqués UNIQUEMENT au JPG lors du traitement interne du Boitier.
Par défaut les fichiers RAW ne comportent pas de profil couleur: c’est le logiciel qui ouvre et interprète le fichier RAW qui lui attribuera un profil couleur. Pour Photoshop, on le fait avec « Camera RAW », Lightroom le fait lors de l’intégration de la photo dans le catalogue.
Le profil couleur d’un RAW peut donc être modifier en permanence.
Comment calibrer l’écran d’un ordinateur portable ?
Avec l’arrivée des nouvelles générations de dalles IPS, pour les portables type Gamer, et depuis la dernière génération de sondes de calibrage X-Rite (i1Display Pro) , un calibrage écran de bonne qualité est possible, grâce à la fonction ADC (Automatic Display Control que l’on peut traduire par Contrôle Automatique de l’écran).
Attention si vous calibrez un portable ou un iMac !
En effet, ces ordinateurs activent toujours par défaut dans leurs préférences moniteurs l’option « Luminosité automatique« qu’il faut absolument désactiver AVANT de lancer le calibrage.
Espace Colorimétrique
Qu’est-ce que le sRGB ?
Le profil sRGB a été érigé en standard officiel des images numériques. Sa raison d’être est la représentativité de l’espace colorimétrique d’un écran grand public.
Alors que le RVB est ce qu’on nomme un modèle colorimétrique (une famille d’espaces colorimétriques fondée sur le même principe), le sRGB est un espace colorimétrique bien défini, un profil couleur si vous préférez. Ce n’est pas le profil couleur correspondant à un appareil ou d’un matériel en particulier, mais un profil virtuel représentatif d’une moyenne du parc des écrans actuels.
Fig. 1. Le triangle sRGB semble contenir peu de couleurs par rapport à l’ensemble des couleurs visibles. Mais plus les couleurs se trouvent proches des limites du visible, plus elles sont rares dans la nature.
Au moins 80/90 % des couleurs que nous photographions dans la vie de tous les jours sont contenues dans le sRGB !!!


L’Adobe RVB 98 est certes plus grand que le sRGB mais remarquez bien que c’est surtout vers les verts et un peu vers les rouges.
Il ne faut pas confondre les possibilités théoriques d’un Espace et ce dont vous avez besoin. En théorie, le grand Espace ProPhoto permet de conserver davantage de couleurs mais si vous ne photographier jamais ces couleurs très saturées ou que vous ne saturiez pas exprès vos images en post-traitement (HDR), cela ne sert à rien !
Pour rappel, en cas de besoin ultérieur de post-traitement de l’image dans l’Espace ProPhoto, réutilisez votre fichier RAW.